L'armoise jouit au Moyen Âge d'une certaine réputation. Selon Macer Floridus (pseudo de Odon de Meung, XIe siècle) , elle est « la mère de toutes les plantes ». Elle fait partie des sept herbes de la Saint-Jean qu'il faut cueillir le 24 juin pour ses propriétés médicinales mais aussi pour ses pouvoirs magiques.
Plante sauvage qui pousse spontanément le long des chemins, dans les endroits incultes, elle s'acclimate facilement dans les jardins où elle forme des massifs au feuillage décoratif et odorant. Elle se présente sous forme de touffes de 60 cm à 1 m de hauteur. Les feuilles ressemblent à des algues vertes sur le dessus, blanchâtres et cotonneuses en dessous ; les fleurs petites, d'un jaune pâle, apparaissent en été.
Plante des femmes, Macer Floridus écrit : « Cette herbe remédie principalement aux maladies des femmes. Une décoction d'armoise, prise en boisson, facilite l'écoulement périodique du sang. » Aujourd'hui, l'efficacité de la plante dans les troubles menstruels est reconnue mais il est vivement recommandé de ne pas prendre de l'armoise en période de grossesse.
En cosmétologie, Hildegarde de Bingen préconise l'armoise comme cataplasme, associée avec du blanc d'œuf contre les ulcères de la peau. Cet usage est fortement déconseillé, toutefois on peut retenir que l'armoise est utilisée dans une crème adoucissante pour les soins des mains.
Conseil d'Albert le Grand
La plante est associée au culte de saint Jean Baptiste qui aurait porté une ceinture d'armoise dans le désert avant de réapparaître afin d'annoncer la venue de Jésus-Christ. La ceinture au pouvoir magique lui a permis d'échapper aux bêtes sauvages. Albert le Grand, de ce fait, conseille aux voyageurs de s'en fabriquer une jarretière. « Vous recueillerez de l'herbe que l'on appelle armoise, dans le temps que le soleil fait son entrée au premier degré du signe du Capricorne, vous le laisserez un peu sécher à l'ombre, et en ferez des jarretières avec la peau d'un jeune lièvre [...] Il n'y a point de cheval qui puisse suivre longtemps un homme de pied, qui est muni de ces jarretières. » Le lièvre est connu pour sa rapidité, sa peau donne une qualité qui s'ajoute à celles de la plante.
Enluminure sur parchemin de Robinet Testard, Livre des simples médecines de Platearius (vers 1500). Bibliothèque de Saint-Pétersbourg.
(source Entre médiéval et renaissance FB)