« COURIR SUR LE HARICOT »

Dans une précédente édition de notre bulletin de liaison, j’avais repris un article de Martial Watrin, issu de » In Pago Hesbanio », qui se penchait sur les expressions populaires. Martial Watrin a récidivé dans une dernière édition du même bulletin et je ne puis m’empêcher de vous aider à comprendre l’origine de « Courir sur le haricot », expression très usitée.

«Vous aimez les haricots ? Moi aussi !

Mais pas n’importe lesquels : les haricots verts très fins, les haricots beurrés, les mange-tout. Il y en a d’autres, très différents, après lesquels, personnellement, je ne courrais pas.

Lisez-plutôt

Un jour, lors d’une réunion entre enseignants et parents, voici que s’approche de mon bureau une dame d’une quarantaine d’années. Elle se présente : c’est la mère d’un de mes élèves de rhétorique. Et elle ne me cache pas un certain mécontentement. Ce qui l’affecte, c’est apparemment moins le comportement de son fils dont j’ai dû me plaindre, ou ses notes assez médiocres, mais une remarque que j’ai formulée à son encontre devant toute la classe. Je m’en souviens parfaitement : eh oui ! un jour qu’il m’agaçait par une réflexion intempestive, j’ai lancé à ce trublion, la phrase qui m’est à présent reprochée : Tu commences à me courir sur le haricot !

Pas question de ma dédire ni de m’excuser, il faut plutôt expliquer les circonstances, mon agacement et surtout le sens d’une expression qu’elle ne semble pas maîtriser.

Non, chère Madame, je ne crois pas que ce haricot ait une connotation sexuelle (encore que soit attesté avoir le haricot – le clitoris- à la portière) ! Qu’est-ce qu’un haricot ? Pour nous, un légume vert allongé que nous consommons volontiers dans diverses préparations dont la succulente salade liégeoise, mais, pour un français, c’est une fève, ce petit féculent blanc et dodu qui fait le bonheur des amateurs de cassoulet. Je présume qu’un jour quelqu’un d’inventif a imaginé appeler haricot le gros orteil qui en évoque la forme. La métaphore a dû avoir assez de succès pour intégrer l’argot, puis le langage ordinaire. Courir sur le haricot, c’est donc écraser du pied le pied d’une victime, c’est donc au minimum l’importuner, voire susciter son énervement ou même sa colère.

Je ne suis pas persuadé que mon explication ait satisfait la dame, parce qu’ne me quittant, elle affichait toujours une mine renfrognée. Après tout, ça faisait peut-être partie de son charme. Et pour moi, quelle importance ? Ce n’était pas vraiment la fin des haricots. »

« Courir sur le haricot » est une expression datant de la fin du XVIe siècle qui se dit lorsque quelqu’un casse les pieds !

Car justement, cette expression n’a rien à voir avec le légume, mais avec un orteil.

Ce que désigne « haricot » dans l’argot du XIXe siècle.

Au XVIe siècle, on disait déjà « courir quelqu’un » et « haricoter » pour dire importuner.

Les lutins du Père Nebel profitent des conditions atmosphériques actuelles pour amener les chalets qui vont meubler le jardin du Père Nebel durant le mois de décembre 

(photo SH)