La chicorée sauvage, bienfaisante, avait la réputation de fixer l'amour. Pour cela, sa racine devait être récoltée avec une pièce d'or, symbolisant le soleil...
Déjà mentionnée dans les papyrus égyptiens, elle a en effet suscité de nombreuses légendes. Beaucoup d'entre elles s'inspirent du fait que ses fleurs s'ouvrent et se referment au rythme du soleil : elles deviennent alors de belles jeunes filles ou princesses transformées en fleurs en attendant chaque jour le retour de leur amour...
La chicorée sauvage pousse librement dans la nature. Elle est citée dans le Capitulaire de Villis et Hildegarde de Bingen en fait l'éloge. Les artistes n'ont pas été insensibles à sa beauté et l'ont reproduite sur les pages des livres enluminés : elle figure notamment sur les Grandes heures d'Anne de Bretagne.
C'est une plante sauvage qu'il ne faut pas éradiquer ; au contraire, il serait bon de l'introduire dans nos jardins. Elle possède l'avantage d'être résistante aux intempéries et peu regardante pour son habitat, c'est dire qu'elle pousse facilement. Il est intéressant d'aller ramasser les feuilles jeunes dans la nature pour les consommer en salade.
La plante que nous cultivons actuellement a subi de nombreuses modifications si bien qu'il existe différentes chicorées, divisées en quatre catégories : la chicorée sauvage améliorée, la frisée, l'italienne et la scarole.
La chicorée se caractérise par des fleurs bleues qui s'ouvrent dès que le soleil se lève et se ferment avec lui. Éphémères, elles ne durent que l'espace d'une journée. De plus, elles changent de coloris suivant l'heure, passant d'un bleu foncé le matin à un bleu clair à midi, puis un bleu très pâle le soir. Il existe même des chicorées blanches mais ces dernières sont très rares. Elles portent chance à celui qui les cueille. La chicorée subit même un petit miracle : jetée en pâture aux fourmis, elle se colore en rouge en raison, d'une part des enzymes contenues dans la fleur, d'autre part de l'acide des fourmis.
Les feuilles sont d'un vert foncé et présentent des petites dents acérées. Johannes de Cuba est le premier dans son ouvrage, le Hortus sanitatis, à proposer un dessin parfaitement réaliste de la chicorée.
En cuisine, les feuilles sont comestibles et ont une saveur amère assez prononcée. Au Moyen Âge, on les utilise comme herbes de pot, mises à cuire avec d'autres légumes. Les fleurs sont également comestibles.
"L'amie du petit déjeuner"
Aujourd'hui, la boisson appelée « chicorée» est réalisée à partir des racines de chicorée sauvage que l'on torréfie. La décoction de chicorée n'était pas connue au Moyen Âge, le premier savant à s'être aperçu qu'elle est assez proche de celle du café appartient au XVIe siècle. La torréfaction de la racine devient courante au XVIIe siècle seulement. La chicorée a la vertu d'alléger le lait et, de ce fait, de le rendre plus digeste.
Herbier des Grandes Heures d'Anne de Bretagne - (vers 1508) Tours. Enlumineur Jean Bourdichon.
(source Entre médiéval et renaissance FB)