Statut des apothicaires au Moyen Âge
Si les médecins, parlaient au nom de la majesté de la Médecine, les apothicaires ne croyaient pas combattre sous un moins noble étendard. Partout, on retrouve des traces de l'antagonisme profond qui exista pendant des siècles entre les médecins et les apothicaires. Le Français né malin s'amusait volontiers de ces querelles. Les auteurs comiques n'avaient garde de négliger cet élément de gaieté.
Le serment des apothicaires
Le serment que devait prononcer les apothicaires au Moyen Âge n'était pas le serment d’Hippocrate : Le serment d’Hippocrate concernait les médecins, pas les apothicaires. Ces derniers étaient considérés comme des préparateurs et vendeurs de remèdes, plus proches des artisans et commerçants que des praticiens médicaux.
Le serment de Salerne (1241) : L’empereur Frédéric II de Hohenstaufen imposa un règlement aux apothicaires dans son édit de Salerne. Ils devaient jurer de préparer les médicaments correctement, sans fraude. Le prix des remèdes était fixé et imposé pour éviter les abus. Ce serment visait à protéger les malades contre les charlatans et à garantir la qualité des préparations.
Les apothicaires étaient organisés en communautés : Ils se regroupaient en guildes ou corporations. Ces statuts prévoyaient des règles strictes, souvent accompagnées d’un serment professionnel, distinct de celui des médecins. Parmi leurs privilèges, Ils étaient exemptés des jours de guets que chacun devait effectuer chaque mois sur les remparts de la ville.
Bien qu’ils n'aient pas à prononcer le serment d’Hippocrate, les apothicaires s’inspiraient des œuvres de Dioscoride, Hippocrate et Galien, traduites et diffusées par les moines. Cela orientait leur savoir, mais pas leur serment.
Il y avait une différence essentielle : pour les Médecins, le serment d'Hippocrate était un engagement moral et éthique envers les patients. Pour les apothicaires, il s'agissait d'un serment réglementaire, un engagement à respecter les règles de préparation, de vente et de prix des remèdes.
Serment des apothicaires
" Je jure et promets de vivre et mourir en la foi chrétienne.
Honorer, respecter, non seulement les docteurs médecins qui m’auront instruit en la connaissance des préceptes de la pharmacie, mais aussi à mes précepteurs et maîtres pharmaciens sous lesquels j’aurai appris mon métier.
De ne médire d’aucuns d’eux.
De rapporter tout ce qui me sera possible pour l’honneur, la gloire, l’ornement et la majesté de la médecine
De ne rien faire témérairement sans avis des médecins, ou sous l’espérance de lucre tant seulement.
De ne donner aucun médicament purgation aux malades affligés de quelque maladie que premièrement je n’aie pris conseil de quelque docte médecin."
Évolution du serment
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Moyen Âge : Serment réglementaire lié à l’édit de Salerne.
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XVIe–XVIIe siècles : Apparition du serment des apothicaires, rédigé en 1608 par Jean de Renou, puis traduit en français en 1624.
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Aujourd’hui : Les étudiants en pharmacie prêtent le serment de Galien, inspiré du serment d’Hippocrate mais adapté à la profession pharmaceutique.(source entre médiéval et renaissance FB)