photo Région wallonne
Le nouveau rond-point de Hamme-Mille
Le nouveau rond-point à Hamme-Mille améliore, sans contestation, la fluidité du trafic automobile, et nous nous en réjouissons tous. Nous attendons désormais que la commune s’attaque aux problèmes de sécurité et de signalisation autour du rond-point, tels que clairement identifiés par Monsieur Benjamin Henrion lors de son interpellation citoyenne du 12 novembre. Ses remarques — marquage cyclable, lisibilité des trajectoires, amélioration des panneaux et sécurisation des abords — étaient factuelles, argumentées et conformes aux recommandations du Plan communal de mobilité . La majorité aurait pu y répondre concrètement ; elle a préféré les balayer et attaquer personnellement leur auteur, au prétexte transparent qu’il figurait sur la liste BAV aux dernières élections. Une commune sérieuse doit traiter les observations fondées, pas sanctionner ceux qui les formulent.
Mais cette inauguration met aussi en lumière un problème bien plus profond que la seule question de la mobilité. Depuis des mois, la commune tente de réduire le débat à une opposition caricaturale entre “pro” et “anti” rond-point. Or cette lecture simpliste évite soigneusement la véritable question. Cependant, le véritable enjeu est que ce rond-point est directement lié au projet immobilier Tamet/Équilis, un projet dont les impacts environnementaux, hydrologiques et démocratiques sont extrêmement préoccupants. Et il ne s’agit pas d’une interprétation politique : cette réalité découle des documents du dossier. Le premier rond-point inauguré n’a de sens que dans un schéma comprenant un deuxième rond-point, censé permettre aux automobilistes venant de la rue Goemans de rejoindre Wavre. Or ce deuxième rond-point devrait être construit par Tamet/Équilis. Autrement dit, la commune inaugure aujourd’hui une infrastructure qui n’existe que parce qu’un promoteur privé prévoit un développement massif à cet endroit. Mais il est essentiel de rappeler que lier la réalisation de ce deuxième rond-point au projet immobilier est un choix politique — et non une fatalité technique. Un autre choix est tout à fait possible : celui de déconnecter cette infrastructure publique d’un projet privé contesté, afin d’éviter qu’elle soit instrumentalisée pour imposer un développement immobilier dont la pertinence est contestée et dont la légitimité est fragilisée, notamment en raison d’un potentiel conflit d’intérêts qui n’a jamais été clarifié publiquement. Délier le rond-point du projet permettrait de garantir que seule l’utilité publique guide la décision, et non les intérêts particuliers d’un promoteur. Car sans ce projet immobilier et sans le deuxième rond-point qui l’accompagne, l’argumentaire officiel basé sur la mobilité s’effondre : les habitants de Beauvechain ou de Tourinnes seraient contraints soit de faire un aller-retour sur la chaussée de Louvain, soit d’emprunter une voirie non prévue pour ce type de circulation, la rue Marcelier C’est pourtant dans ce contexte que l’inauguration s’est déroulée, réunissant notamment:le ministre François Desquennes, la ministre Anne-Catherine Dalcq, une représentation du SPW Mobilité, plusieurs représentants d’Équilis/Tamet, l’ancien échevin Benjamin Goes accompagné d’au moins 3 de ses collaborateurs à la province, les bourgmestres voisins, une partie du Collège communal et du conseil communal ainsi que certains employés communaux. Pour un simple rond-point, cette concentration d’autorités politiques et administratives est importante. Elle devient en revanche parfaitement explicable dès lors que l’on admet qu’il ne s’agissait pas seulement de célébrer une infrastructure, mais aussi, de manière implicite, d’accompagner un projet immobilier qui pose de sérieuses questions. Ce projet est tout sauf anodin. Il prévoit la destruction d’environ 80 % d’un habitat forestier 91E0 prioritaire au sens européen, un élément du patrimoine naturel local d’une valeur exceptionnelle. Les documents hydrologiques révèlent par ailleurs la présence d’un axe de ruissellement à aléa élevé traversant le site, et montrent que les aménagements prévus, y compris la zone d’immersion temporaire, sont susceptibles de créer ou d’aggraver des risques d’inondation vers le centre du village. L’ensemble du dossier fait l’objet d’un recours, plusieurs avis techniques sont critiques, et de nombreuses de questions restent sans réponse. Malgré cela, les discours tenus lors de l’inauguration donnaient le sentiment d'un projet déjà acquis, comme si la procédure n’était plus qu’une formalité. À cette inquiétude s’ajoute une question légitime quant à l’apparence d’un potentiel conflit d’intérêts. Le projet immobilier est porté par la société Tamet SA, et plusieurs éléments laissent supposer une proximité entre le porteur de projet et un responsable politique ayant exercé des fonctions exécutives à Beauvechain durant la précédente législature, aujourd’hui député provincial. La présence de ce dernier à l’inauguration, accompagné de plusieurs collaborateurs, renforce le besoin d’une clarification publique sur l’indépendance des procédures. Une transparence totale s’impose, afin de garantir l’impartialité du traitement du dossier et d’éviter toute perception d’instrumentalisation d’une infrastructure publique au bénéfice d’un projet privé. Comme si cela ne suffisait pas, l’attitude de Madame la Bourgmestre à l’égard des citoyens présents a été particulièrement choquante. Alors que Jean-Luc Lecluse et Christine Canivet tentaient de remettre un ouvrage, “2049, ce que le climat va faire à l’Europe”, accompagné d’une note reprenant les préoccupations des habitants, Carole Ghiot est intervenue pour les discréditer ouvertement, les présentant comme des opposants systématiques et affirmant qu’ils ne connaissaient pas les dossiers. Ce manque de respect pour la participation citoyenne s’ajoute à un climat déjà tendu autour de ce projet et alimente le sentiment que la commune ne souhaite ni transparence ni débat démocratique. À ce stade, il ne s’agit plus d’être pour ou contre un rond-point. Il s’agit d’exiger que le traitement d’un projet privé d’une telle ampleur soit mené de manière impartiale, transparente et indépendante. Il s’agit de demander au Ministre de tutelle de garantir que toutes les conditions soient réunies pour que l’instruction du dossier soit objective, et qu’aucune validation ne soit donnée tant que les questions environnementales, hydrologiques et éthiques ne sont pas résolues. Il s’agit aussi de rappeler que le projet Tamet/Equilis, qu’il soit apprécié ou non, n’est pas décidé, contrairement à ce que cette inauguration pourrait laisser penser. Notre légitimité dans ce débat est pleine et entière : Marie Gendebien était présente à l’inauguration et a constaté ce qui s’y est passé. Ce que nous dénonçons, ce n’est pas une question d’opposition politicienne. C’est la dérive d’un processus où un projet controversé, et encore sous recours, est présenté à la population comme une évidence, au mépris des citoyens et de l’environnement. Nous continuerons à défendre un urbanisme intègre, une gestion du territoire responsable et une démocratie respectueuse des habitants et à leur écoute. Les Beauvechinois méritent mieux que des décisions prises dans l’entre-soi et présentées comme inévitables. Ils ont droit à la transparence, la rigueur et un vrai débat.
(texte BAV Beauvechain)